Estelle Nze Minko

Status
Diplômé
Profession
HANDBALLEUSE PROFESSIONNELLE, ENTREPRENEURE

Quand on rencontre Estelle Nze Minko, demi-centre de l’équipe de France de handball féminine, on est d’abord frappé par sa nature extravertie, rebelle et entière. Cependant, il ne faut pas beaucoup de temps pour découvrir son côté fragile, sensible et empathique. Estelle a remporté le Championnat du monde en 2017, l’Euro en 2018 et une médaille d’argent aux Jeux olympiques de 2016. Elle joue pour Györ en Hongrie, le Graal pour les joueurs de handball. Manifestement, ses vulnérabilités ne l’ont pas empêchée d’exceller dans sa discipline. Pourtant, sa personnalité complexe et tout en nuances tranche avec l’image de machines à gagner impitoyables que l’on se fait des athlètes professionnels. Estelle est de plus en plus frustrée par le stéréotype de « l’athlète parfait » et elle a commencé à utiliser sa notoriété pour tordre le cou à quelques tabous.

L’un des mythes qu’Estelle réfute, c’est que les athlètes de haut vol doivent être obsédés par leur sport, rien que par leur sport. C’est pourquoi l’an dernier, Estelle a lancé sa start-up, The V Box. « Mais je ne veux pas être associée à ces footballeurs qui investissent dans un bar à chicha, juste pour se faire de l’argent facile… si vous voyez ce que je veux dire ! » Elle souligne que pour elle, cette activité est une aventure, plus qu’une entreprise. Féministe des temps modernes, cette entrepreneure fait voler en éclats l’idée du marketing à l’ancienne qui voudrait que les femmes ne se soucient que de la beauté, en imaginant une nouvelle génération de coffret cadeau.

Estelle, diplômée d’Audencia SciencesCom, trouve le monde des médias à la fois intimidant et fascinant. Elle nous raconte comment l’art de communiquer s’est avéré essentiel, à la fois pour que son entreprise réussisse et pour faire bouger les lignes dans le monde des sports de haut niveau.

Avez-vous été élevée par des parents fadas de sport ?


C’est tout le contraire ! Je suis née à Saint-Sébastien-sur-Loire, une petite commune près de Nantes. Je suis métisse ; ma mère est française, elle enseigne le français, et mon père et né au Gabon dans une fratrie de 17 enfants. Ses parents ont détecté son haut potentiel académique très tôt et quand il a eu douze ans, ils l’ont envoyé seul vivre chez une tante en France afin qu’il puisse recevoir une meilleure éducation. Il est devenu technicien de service chez ArcelorMittal où il a fait toute sa carrière.

Mes parents attachent tous deux de l’importance à une éducation académique traditionnelle et leur objectif était que j’obtienne une qualification et que je trouve un travail sûr. Leurs préoccupations étaient représentatives d’une génération pour qui la réussite, c’était d’avoir trouvé un travail pour la vie. J’étais également leur aînée (j’ai deux petits frères), alors ils avaient à cœur de savoir comment ils pouvaient m’offrir la meilleure éducation possible. Ils m’ont mis une pression énorme, mais je les comprends mieux maintenant que j’envisage à mon tour de devenir mère un jour.

Petite, je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie ; mais je savais que je voulais un travail atypique. Je voulais trouver des projets inspirants et gratifiants, plutôt qu’une carrière brillante au sens traditionnel. Sur le plan scolaire, j’avais de bons résultats parce que mes parents étaient derrière moi. Mais sur mes bulletins scolaires, on trouvait invariablement des commentaires sur mes bavardages et mon manque de concentration. J’étais garçon manqué, ce qui rendait mes parents fous, et un peu rebelle, j’aimais jouer avec les règles.

Je ressentais le besoin de faire de l’exercice et j’adorais le sport. Certaines années, j’étais inscrite à cinq sports différents et mes parents devaient sans cesse me conduire d’un entraînement à un autre. J’ai commencé le handball à l’âge de 12 ans et quand j’en ai eu 15, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le « Pôle Espoir », une structure pour les jeunes joueurs qui combine l’apprentissage du programme scolaire et les entraînements sportifs. Mes parents n’étaient pas à l’aise avec l’idée, mais une fois qu’ils ont été rassurés sur le niveau d’enseignement, ils m’ont donné leur feu vert.

Parlez-nous de vos études à Audencia SciencesCom.


J’ai fait un bac scientifique parce mes parents pensaient que ça m’offrirait davantage d’opportunités, même si j’avais plus d’affinités pour les lettres. À 17 ans, j’ai signé mon premier contrat professionnel. En parallèle, j’ai commencé à étudier la psychomotricité, une discipline pour laquelle je n’avais aucun intérêt quand j’y repense. Au bout de deux ans, j’ai décidé d’arrêter, mais je ne pouvais pas l’annoncer à mes parents avant d’avoir établi un plan B. Je me suis inscrite à un cours en communication et médias et après cela, j’ai été acceptée à SciencesCom. Ce programme à Audencia m’a vraiment ouvert les yeux. Cela m’a permis d’appréhender les médias différemment, de découvrir ce qui se trame en coulisse et d’être plus curieuse.

Le hic, c’est que la même année, j’ai rejoint l’équipe de France. J’ai dû concilier les cours, les projets de groupe et les entraînements deux fois par jour avec mon club, en plus des compétitions internationales. Sans oublier les fêtes occasionnelles ! Heureusement, Audencia m’a autorisée à faire mon mastère sur deux ans, mais ces deux années furent plutôt intenses ! Je me sens si chanceuse d’avoir été acceptée dans une école de bonne réputation qui offrait également de la souplesse. C’est quelque chose que les athlètes professionnels ont souvent du mal à trouver.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie après votre arrivée dans l’équipe de France ?


C’était un changement énorme en termes de rythme, de discipline et d’engagement. La performance était d’un autre niveau et j’étais rongée par le syndrome de l’imposteur. Je me souviens avoir entamé l’hymne national français et avoir regardé mes coéquipières en me demandant ce que je faisais là. La pression est considérable quand on joue avec un maillot sur lequel votre nom est inscrit en grosses lettres, dans des stades de plus de 10 000 spectateurs, quand les matches sont diffusés à la télé et qu’on doit affronter la presse. Sous mon apparence extravertie, j’ai toujours eu du mal à croire en moi. Et pourtant, sans trop savoir comment, j’ai réussi à franchir cet énorme pas. Je connais de nombreuses joueuses compétentes qui n’y sont pas parvenues, parce qu’elles n’arrivaient pas à gérer la pression. Paradoxalement, je pense que j’ai été tellement dépassée que je me suis désinhibée et j’ai simplement suivi le mouvement au lieu d’essayer de tout contrôler.

Découvrez l'entièreté du témoignage de Estelle Nze Minko sur Iconic Alumni 
 

 

Communication & media

Programmes liés