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Etude d’impact du programme d’ouverture sociale BRIO : l’égalité des chances à l’œuvre
A quelques jours de la journée mondiale de l’Egalité des Chances, le 5 décembre, Audencia, Centrale Nantes, IMT Atlantique et Oniris partagent les résultats de l’étude d’impact de leur programme d’ouverture sociale, BRIO. L’enquête
BRIO fête ses 15 ans en 2021. Le programme d’ouverture sociale et d’égalité des chances a été lancé par Audencia et Centrale Nantes en 2006, avant d’être rejoint par IMT Atlantique et Oniris, puis labellisé « Cordée de la réussite » par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dès 2008. Le but est de permettre à des lycéens issus de quartiers populaires et/ ou de familles modestes, d’envisager des études supérieures, et ainsi de lutter contre le manque d’informations et l’autocensure. Ils sont identifiés dans 14 lycées partenaires, et tutorés par des étudiants des 4 écoles porteuses du projet. Pendant deux ans, ils bénéficient d’ateliers de culture générale, de sorties culturelles, de rencontres professionnelles, d'informations précises sur l'offre éducative post-bac. Ils sont plus de 1000 à avoir suivi le programme.
Le bilan réalisé en 2021 confirme le précédent bilan positif de 2017. Il souligne la réussite du programme et révèle sa capacité réelle à induire des changements profonds, tant dans la poursuite d’études supérieures qu’en matière d’insertion professionnelle.
Plus de la moitié des tutorés obtiennent un bac+5
- 99,5% des étudiants tutorés ont obtenu leur bac, et 73% considèrent que BRIO les a motivés à améliorer leurs résultats scolaires.
- 97% ont souhaité poursuivre leurs études après leur bac, 89 % des tutorés confient mieux connaître les formations post-baccalauréat grâce au programme, tandis que 86 % considèrent que le programme BRIO leur a permis d’envisager des études plus ambitieuses. En effet,
- 22 % se sont orientés en classes préparatoires, soit plus du double de la moyenne nationale,
- Ils sont trois fois plus nombreux à entrer en écoles spécialisées ou Grandes Écoles (6 %).
- À l’inverse, avec seulement 15 % d’entre eux qui poursuivent leurs études dans les Sections des Techniciens Supérieurs, ils sont presque moitié moins que leurs camarades partageant leurs caractéristiques sociodémographiques mais n’ayant pas pris part à un dispositif des Cordées de la réussite.
- Enfin, 44 % des tutorés se sont orientés vers l’université, soit 6 points de moins que la moyenne nationale, et ils égalent la moyenne dans l’accès aux Instituts Universitaires Techniques (13 %).
Daphné S., de la promotion 2015, et aujourd’hui titulaire d’un master en sciences politiques, explique :
« On voit des tuteurs qui viennent de ces écoles pendant deux ans, on a des échanges informels, ils nous racontent leur quotidien, etc. Et au fil des discussions, on se dit : « ça peut être un parcours qui peut m’intéresser. ». Ça ouvre nos horizons ».
- Le niveau de diplôme final va au-delà de la moyenne nationale :
- 97% de bacheliers (95% au niveau national),
- 77% de bac+3 (contre 68% au niveau national),
- et 56% de bac+5 (soit 18 points de plus que la moyenne nationale).
Les chiffres soulignent également que les étudiants tutorés vont beaucoup plus loin dans leurs études supérieures que leurs parents, ce qui montre l’impact positif de BRIO pour lutter contre le déterminisme social. En effet, la grande majorité des parents des tutorés n’ont pas eu accès à l’enseignement supérieur : 83 % des pères et 74 % des mères ont un niveau de diplôme inférieur ou égal au bac, et seuls 8 % des mères et 5 % des pères ont obtenu un diplôme supérieur ou égal à la licence (bac+3).
- Les étudiants BRIO sont également plus mobiles que les autres bacheliers de l’académie de Nantes qui partagent leurs caractéristiques sociodémographiques : 60 % ont réalisé la majorité de leurs études en Pays de la Loire, soit 15 points de moins que la moyenne. 37 % ont principalement étudié dans le reste du pays, soit 13 points de plus que la moyenne.
Une insertion professionnelle rapide et quasi-totale
- L’accès à l’emploi est plus rapide : 82 % des anciens tutorés ont trouvé leur premier emploi en moins de 3 mois, soit 5 points de plus que la moyenne nationale. 96% ont trouvé un emploi en moins de 6 mois, et 72 % des tutorés considèrent que le dispositif BRIO a été une aide pour leur insertion professionnelle.
- 44 % des jeunes actifs ayant bénéficié du dispositif BRIO sont aujourd’hui devenus cadres ou exercent une profession intellectuelle supérieure, contre 8 % des pères et 1 % des mères. À l’inverse, 33 % des tutorés sont aujourd’hui employés ou ouvriers (contre 70 % pour leurs pères et 85 % pour leurs mères).
- Ils ont également une situation professionnelle plus stable que la moyenne nationale. Lors de leur premier emploi post-études, 57 % des anciens tutorés étaient en CDI ou avaient un statut de fonctionnaire, soit 24 points de plus que la moyenne nationale. 39 % avaient un CDD ou contrat d’intérimaire, 20 points de moins qu’à l’échelle nationale. Enfin, 4 % avaient un statut d’indépendant, soit moitié moins que la moyenne nationale.
Sabrine B, de la promotion BRIO 2015, et étudiante en master d’études sur le genre à Paris 8, résume l’influence positive de BRIO dans sa vie :
« Le programme m’a apporté énormément tant sur le plan professionnel que personnel dans ma poursuite d’études, notamment dans mes projets à l’international. Premièrement, j’ai appris à ne pas m’autocensurer, surtout lorsqu’il s’agit d’argent. Grâce à BRIO, j’ai vite su que j’allais pouvoir bénéficier de bourses publiques et privées et qu’il y aurait toujours moyen pour moi de trouver un financement. BRIO m’a aussi appris à ne pas m’autocensurer lorsqu’il s’agit de mes compétences. Les tuteurs m’ont aidé à prendre confiance en moi. En mon niveau en langue. Ce qui m’a permis de ne pas avoir peur de postuler dans des grandes entreprises anglophones en stage (Al Jazeera English, Reuters). Enfin, j’ai aussi ouvert mon esprit sur d’autres cultures notamment grâce aux tuteurs et à leurs collègues étudiants multi-culturels. Pouvoir les rencontrer et échanger avec eux m’a aidé à mieux aborder des discussions avec des profils internationaux. »
L’étude a été réalisée par Maxence Arridiaux, étudiant en Master 2 de sociologie et statistiques à l’École normale supérieure de Paris, avec la participation de Mélanie Dugué, chargée d’études au sein du pôle Research & Business à Audencia, sous le pilotage de l’équipe BRIO. Elle est basée sur un questionnaire diffusé du 23 février au 5 avril 2021 auprès des 821 anciens tutorés des onze premières promotions ayant suivi le programme depuis son lancement. L’enquête a rassemblé 360 répondants, soit 44% des sondés.
Lien pour consulter l’étude complète.
À propos de BRIO
Le dispositif d’Egalité des Chances BRIO, a été lancé en 2006 à l’initiative de deux grandes écoles nantaises : Audencia et Centrale Nantes, afin d’apporter, au niveau local, une réponse aux questions de diversité et d’accès aux savoirs pour tous. Le dispositif a ensuite été labellisé « Cordée de la réussite » en 2008. Dès 2009, IMT Atlantique et Oniris, l’école vétérinaire et agroalimentaire, ont rejoint le programme. Chaque année, le dispositif BRIO mobilise plus de 60 étudiants-tuteurs issus des 4 écoles, 27 professeurs référents au sein des 15 lycées partenaires et plus d’une centaine de bénévoles pour l’orientation professionnelle, les visites d’entreprises, les sorties culturelles… Tous les ans, environ 180 lycéens de filières générales, technologiques et depuis 2017 professionnelles, bénéficient d’ateliers collectifs en petits groupes de 6 lycéens deux mercredis après-midis par mois, mais également de sorties culturelles, d’un court séjour de découverte dans une métropole européenne, de rendez-vous liés à l’orientation.