03/03/2025

Maximiser le Potentiel de l’IA au Travail en Accompagnant les Salariés dans le Job Crafting

L’intégration croissante de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail oblige les organisations à prendre des mesures destinées à garantir que cette intégration améliore le bien-être des salariés, leur satisfaction professionnelle et leur productivité. En effet, si la recherche montre que les salariés adoptent des stratégies de job crafting (adaptation du travail)* pour maintenir leur autonomie et leur sens du travail suite à une intégration significative de l’IA, c’est aux entreprises de les accompagner dans cette transition. 

Voici cinq domaines clés dans lesquels les organisations peuvent agir pour maximiser les avantages de l’IA tout en atténuant les défis.

 

1.Concevoir des environnements de travail intégrant l’IA tout en préservant l’identité et l’autonomie des salariés

L’introduction de l’IA modifie les tâches des salariés et redéfinit leur identité professionnelle, ce qui peut susciter des inquiétudes quant à leur autonomie et leur valeur au sein de l’organisation. En réponse à cela, les salariés tendent à réajuster leur identité professionnelle. Pour faciliter cette adaptation, les entreprises pourraient :

  • Encourager le job crafting : Offrir aux salariés suffisamment de flexibilité pour adapter leurs tâches afin que l’IA vienne en soutien plutôt qu’en remplacement.
  • Intégrer une approche centrée sur l’humain : Adopter des outils d’IA qui complètent le travail des salariés au lieu d’imposer un cadre rigide excluant l’utilisation de l’IA.
  • Organiser des discussions ouvertes sur l’impact de l’IA : Mettre en place des ateliers où les salariés peuvent exprimer leurs préoccupations et découvrir les avantages de l’IA dans leur travail.

Par la mise en œuvre de ces actions, les entreprises peuvent éviter que l’IA n’érode la satisfaction au travail et, au contraire, la transformer en un levier d’amélioration.

 

2. Renforcer la résilience des employés grâce à la sensibilisation à l’IA et au job crafting

Selon la manière dont ils perçoivent son intégration, l’IA peut être un facteur de renforcement ou de fragilisation de la résilience des salariés. Les salariés ayant une forte conscience STARA (Smart Technology, Artificial Intelligence, Robotics, and Algorithms) sont ainsi plus enclins à voir l’IA comme une opportunité et à adapter activement leur mission. À l’inverse, ceux qui perçoivent l’IA comme une menace peuvent se replier sur eux-mêmes ou résister au changement. Pour renforcer cette résilience, les entreprises pourraient :

  • Mettre en place des formations sur l’IA : Aider les salariés à mieux comprendre l’IA pour réduire leurs incertitudes et leurs craintes.
  • Encourager l’adaptation proactive : Offrir une flexibilité permettant aux salariés d’influencer l’impact de l’IA sur leurs tâches. Par exemple en leur laissant la possibilité :
    • D'ajuster le niveau d'automatisation voulu de l’IA
    • De personnaliser des outils selon leurs préférences
    • D’une participation active des employés dans l’amélioration des systèmes
    • De basculer entre IA et mode manuel
  • Favoriser un leadership bienveillant : Former les managers à identifier le stress lié à l’IA et à accompagner leurs équipes dans l’acceptation de ces transformations.

En adoptant ces mesures, les entreprises garantissent que l’IA devienne un moteur de résilience plutôt qu’une source d’anxiété.

 

3. Utiliser l’IA pour enrichir le sens du travail et favoriser l’accomplissement des salariés

L’une des préoccupations majeures liées à l’IA est le risque qu’elle prive le travail de son sens en automatisant les tâches réalisées par l’Homme. Pour autant, l’IA peut aussi libérer du temps disponible à des missions plus stimulantes et à forte valeur ajoutée. Pour que l’IA favorise l’accomplissement professionnel, les entreprises pourraient :

  • Redéfinir les rôles professionnels : Déléguer les tâches répétitives à l’IA pour permettre aux salariés de se concentrer sur des missions nécessitant créativité et prise de décision.
  • Valoriser les contributions améliorées par l’IA : Mettre en place des indicateurs de performance qui reconnaissent l’optimisation du travail grâce à l’IA, comme :
    • Réduction du temps d’exécution des tâches
    • Nombre de tâches automatisées
    • Taux d'automatisation
    • Taux d’erreur avant/après IA
    • Amélioration du taux de réussite
  • Assurer un contrôle humain sur les processus automatisés : Faire en sorte que les salariés conservent leur autonomie décisionnelle et utilisent l’IA comme un outil et non comme un substitut.

En adoptant ces approches, l’IA deviendrait un levier de valorisation du travail au lieu d’une menace.

 

4. Répondre aux craintes liées à l’IA et améliorer l’adaptabilité des salariés

La peur de l’IA provient principalement des inquiétudes liées à la sécurité de l’emploi et à la perte de contrôle sur les tâches à réaliser. Lorsqu’une entreprise impose l’IA sans fournir de justifications ou de soutien adéquat, elle risque de provoquer des résistances. Pour améliorer l’adaptabilité des salariés, les entreprises pourraient :

  • Clarifier l’objectif de l’IA : Expliquer comment et pourquoi l’IA est utilisée et quels sont les effets attendus sur les missions des salariés.
  • Proposer des formations sur mesure : Offrir un accompagnement pratique adapté aux spécificités de chaque poste pour rendre l’IA accessible à tous.
  • Mettre en place des programmes de transition vers l’IA : Créer des espaces de mentorat et de coaching pour intégrer, en douceur, l’IA dans les processus de travail.

Une explication claire des usages et avantages de l’IA rendrait les salariés plus enclins à l’adopter, plutôt qu’à la craindre.

 

5. Exploiter l’IA pour améliorer la performance et la productivité

L’intégration de l’IA dans les organisations a un impact direct sur la performance des salariés et leur productivité. Ainsi, les salariés qui adaptent proactivement leur travail en réponse à l’IA améliorent leur adaptabilité et leur efficacité. Pour tirer parti de cette dynamique, les entreprises pourraient :

  • Encourager l’appropriation des outils d’IA : Former les salariés pour qu’ils utilisent l’IA comme un levier d’efficacité et de qualité.
  • Favoriser un management orienté IA : Sensibiliser les managers à l’adoption de l’IA et à l’accompagnement de leur(s) équipe(s) dans son intégration. Cela peut passer par :
    • L’organisation d’ateliers immersifs sur l’IA
    • La création d’un programme de formation sur mesure
    • La mise en place d’une "zone de test" pour expérimenter sans risque
    • La création d’indicateurs de performance liés à l’IA
  • Investir dans la formation continue : Maintenir les salariés à jour des avancées technologiques pour renforcer leur compétitivité.

En exploitant l’IA de manière stratégique, les entreprises amélioreraient la productivité tout en renforçant la motivation des salariés.

 

Conclusion : L’IA comme catalyseur de transformation positive

L’IA transforme inévitablement le monde du travail, mais son impact dépend des stratégies mises en place par les organisations. En favorisant le job crafting, la sensibilisation à l’IA et un design du travail centré sur l’humain, les entreprises peuvent en faire un véritable moteur d’innovation et d’amélioration des conditions de travail.

Plutôt que de voir l’IA comme une menace, il est essentiel de l’intégrer de manière réfléchie pour qu’elle augmente le potentiel humain au lieu de le remplacer. En adoptant des approches proactives et bienveillantes, les organisations peuvent créer un environnement de travail où résilience, productivité et sens du travail vont de pair avec les avancées de l’IA.

 

Ransome Bawack PhD, MBA, Eng
Associate Professor 


*Le job crafting est le processus par lequel les employés redéfinissent et réimaginent leur poste de travail d'une manière qui leur est personnellement utile.